Journée interpistes (2) : s’inspirer

Le dernier temps de la journée du 9 juin, qui a réuni toutes les participantes et participants au programme, était consacré à des problématiques transversales aux pistes de travail de Capacités publiques et aux différents tests en cours. Les participant.e.s de chaque groupe étaient invité.e.s à piocher une ressource à lire, une écouter ou visionner parmi celles que nous avions sélectionnées en amont, en lien avec chacune des trois thématique (et qu’on vous partage ci-dessous) :

Il s’agissait ainsi de trouver des inspirations pour …

  • Mettre en récit ses projets
  • Évaluer une démarche expérimentale
  • L’après-test (du test à la mise en oeuvre) 

Un temps de partage a ensuite permis à chacun.e de présenter sa ressource, en mettant en lumière ce qu’il ou elle en retenait pour la suite du programme. Difficile de résumer les échanges riches qui ont eu lieu dans chaque groupe, mais en voici un petit medley :

Mettre en récit ses projets

Mettre en récit, mettre en projet … Même si les collectivités manquent d’habitudes en la matière, la mise en récit peut-être un élément déterminant de démarrage d’une démarche, pour mettre en mouvement les individus et les collectifs. Plus généralement, la mise en récit est un projet dans le projet, avec sa stratégie, son calendrier, son management, ses livrables … et son volet ressource humaine. A quand des “chargé.e.s de la mise en récit” au sein de chaque collectivité ?

Quelques ressources inspirantes : Repères sur la mise en récit(s) de vos projets de transitions (CERDD), La capacitation citoyenne. Une année pour partager les pratiques et imaginer une nouvelle approche, Les cahiers de la prospective (Nantes Métropole).

Révéler tous les points de vue. Il faut distinguer la mise en récit (qui repose sur la capacité donnée aux personnes d’être les auteurs de leur vie, et encourage donc la subjectivité) du storytelling (récit dominant, imposé). Le récit peut permettre de redonner de l’estime, de la valeur aux territoires et aux personnes en donnant le point de vue de celles et ceux qui ont moins ou pas la parole (par exemple, en lien avec nos sujets, le point de vue des managé.e.s – pas seulement celui des managers – pour leur permettre de réinvestir subjectivement leur travail, de développer leurs propres normes). Cela suppose de représenter ce qui est important pour soi et pour chacun.e, et de montrer le rapport entre un sujet et son environnement, comme le font notamment les cartes sensibles.

Quelques ressources inspirantes : Raconter la vie, le projet éditorial initié par Pierre Rosanvallon au Seuil; les Cartes subjectives (Grrr Design), des cartes géographiques pour montrer comment le territoire est vécu personnellement et collectivement par des habitant.e.s ; TOPO-LEX, un site contributif pour enquêter sur les réalités matérielles du droit dans ses formes les plus diverses ; 

Comment ça se traduit dans Capacités publiques ? Nos participant.e.s repartent animé.e.s du souhait de jouer les reporters et d’aller recueillir le témoignage de leurs collègues “testeur.euse.s” sur le terrain, de les aider à exprimer leur vécu et ainsi à être encore plus acteurs de l’expérience.

Évaluer une démarche expérimentale

Une évaluation, des évaluations … Quand, dans le cadre de l’évaluation d’un service ou d’une politique publique, on s’attachera à questionner son efficience, dans l’évaluation d’un projet expérimental, on cherchera à collecter les enseignements tirés du test, des idées pour l’améliorer, etc. Si l’on peut évaluer en continu et/ou à différentes étapes de test, il est important de donner une fin à l’expérimentation. On pourra ensuite ainsi passer à une nouvelle itération (tester un autre aspect du dispositif, avec un autre service, à une autre échelle, etc.) ou à la mise en place du dispositif de manière pérenne.

Quelques ressources inspirantes : Évaluer les expérimentations : Enjeux et postures de l’évaluateur/rice (Quadrant conseil) ; Le design de l’action publique, vers une hybridation entre culture design et culture de l’évaluation (Quadrant conseil,SDS, 27e Région) ; L’évaluation de l’innovation, un terrain à conquérir (Acteurs publics)

Quelle place donner à l’usager dans l’évaluation  ? Plutôt que d’évaluer à postériori, construisons ensemble les indicateurs et évaluons en continu, collectivement, avec les usagers parties prenantes du test. On pourra dans ce sens rendre visible, formaliser, documenter au fil de l’eau les enseignements pour les partager plus largement et recueillir d’autres retours.

Quelques ressources inspirantes : Une Web-série “Evaluer l’expérimentation” qui invite à rencontrer les acteurs de l’innovation, en France et à l’international, dans des domaines variés : innovation urbaine, design, innovation sociale, industrie…  Un épisode est dédié à « Évaluer, avec qui ?”

Faire simple  ? Et si évaluer ce n’était pas si compliqué ? Et si c’était un processus plus apprenant ? Et si l’enjeu, c’était d’embarquer les agents et les parties prenantes, plus que de produire des métriques très sophistiquées ? Dans notre veille, nous avons identifié plusieurs jeux pour faire redescendre la pression d’un cran !

Quelques ressources : StratEval , un jeu pour élaborer collectivement une stratégie évaluative et ne pas résumer le travail d’évaluation aux outils que l’on déploie, mais d’abord réfléchir à ce que l’on veut faire (Quadrant conseil) ; Evalphobia, on a tous une bonne raison de ne pas évaluer (SDS) pour identifier toutes les bonnes raisons que l’on a de ne pas faire de l’évaluation (…et trouver les leviers à actionner pour permettre la mise en place de ce type de démarche).

Comment poser l’hypothèse de départ ? Finalement, qu’est-ce qu’on évalue? Ce qui différencie une démarche de design d’une autre approche, c’est que l’on va, face à un problème, formuler rapidement une intuition, l’hypothèse d’une réponse, à laquelle on donnera une forme tangible (un objet, un dispositif, etc.) qui fera l’objet du test, puis le façonner par ces boucles de rétroaction. C’est finalement cette hypothèse de départ, dont on va évaluer la validité (est-ce que mon intuition était bonne ?) et l’adéquation (est-ce que le dispositif, l’objet tel que je l’ai imaginé a la bonne ergonomie, correspond au besoin, au contexte, etc…)

L’après-test

Pas de test sans créer le cadre de l’après-test ! Si l’objectif est de développer la ou les solutions retenues, dans ce cas il faut commencer à répondre à certaines questions dès en amont : comment créer un cadre de confiance le plus tôt possible entre les participant.e.s ? Comment mettre en place un processus itératif qui permette aux participant.e.s de faire progressivement évoluer leurs représentations et donc leurs positions ? Quelles sont toutes les choses à faire concrètement pour créer de l’adhésion autour du projet : documentation, ambassadeurs, suivi du projet, etc. ?

Quelques ressources inspirantes : Dans “Le Lab des Labs”, Pérenniser et se renouveler (p.70-71), ou Comment travailler la viabilité d’un concept innovant (page 73 de “Adoptez l’esprit Proofmaking”)

Les valeurs au cœur de l’après-test… De nombreux projets échouent pour avoir surestimé la question des compétences – certes essentielle – mais sous-estimé l’importance de la vision et des valeurs qui les fondent. Comment sortir du flou ou de l’innovation-washing et expliciter la vision sincère qui sous-tend un projet ? Comment trouver le porteur de projet qui va prendre soin de cette vision ? Comment réussir une transmission, sans nuire à l’âme d’un projet mais sans la figer pour autant ? Des expériences de “portage en relais” à Mulhouse ou d’autres menées en Loire-Atlantique fournissent quelques pistes.

Quelques ressources inspirantes : le “portage en relais” dans la lutte contre le jet de mégots à Mulhouse, passer à l’échelle sans normaliser en Loire-Atlantique

Il faut trouver le bon rythme et la bonne méthode… Il n’y a pas de réponse unique. En fonction des contextes, il existe de nombreuses façons de penser le développement d’un projet (par exemple l’essaimage vertical vs l’essaimage horizontal), ou encore de penser les étapes d’un développement, anticiper sur les versions successives (V0, V1, V2, etc). Les acteurs de l’innovation, notamment, ont tiré de leurs expériences de nombreux conseils et astuces. Utilisons-les !

Quelques ressources inspirantes : des conseils pratiques pour choisir la bonne façon d’essaimer, par l’ANSA, et par l’AVISE, également ici.

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