Micro-mobilité professionnelle en administration : affutons nos boussoles !

C’est parti, le 20 janvier dernier, le premier atelier collectif a réuni les collectivités complices prêtes à en découdre avec le sujet des micro-mobilités professionnelles :  la Communauté Urbaine de Dunkerque, la Région Centre Val de Loire,  le Département de la Gironde, le Département de l’Isère et le CCAS de Grenoble, ainsi que nos ami.e.s de l’ANACT …  Chacun.e a pu déjà tester des dispositifs plus ou moins bricolés autour de cette notion de micro-mobilité, et c’est normal puisque c’est bien une originalité du statut de fonctionnaire de la fonction publique : un.e agent.e est titulaire de son grade mais pas de son poste et peut en théorie être redéployé.e en fonction des besoins.  Et pourtant en pratique ce n’est pas si simple ! Les échanges ont permis d’identifier des difficultés et des enjeux qui seront le point de départ du groupe pour aller vers des dispositifs à tester permettant aux collectivités de recourir à la mobilité des agents dans un cadre connu, partagé et sécurisé.   Le point de départ de cette piste, c’est le changement d’affectation de nombreux.ses agent.e.s qui, pendant le premier confinement, ont rempli d’autres missions que les leurs pour répondre à l’urgence, que ce soit au sein de leur administration, au service d’autres organisations publiques ou auprès d’autres acteurs du territoire : personnels des crèches redéployés dans les EHPAD, mobilisation d’agent.e.s volontaires pour confectionner et distribuer des masques, agent.e.s mis à disposition d’association pour venir en appui à des distributions alimentaires, cuisiniers des lycées qui apportent leur aide à leurs collègues de la maintenance pour rénover des salles de classe, etc. Ces réaffectations ont été vécues diversement suivant les situations : organisées sur la base du volontariat ou plus ou moins subies, redonnant du sens et de l’utilité ou perçues comme débordant le cadre de la fiche de poste ou des souhaits des personnes, etc. Si cette pratique de micro-mobilité professionnelle nous a semblé intéressante à creuser, c’est notamment qu’elle fait la démonstration, au sein des administrations, d’une capacité individuelle et collective à la polyvalence et à l’adaptation… Dans quelle mesure celle-ci peut-elle être source de réinvention des fonctions de gestion des ressources humaines, permettre de mieux répondre aux crises latentes ou ponctuelles, faciliter des formes de complémentarités entre services, administrations ou organisations d’un même territoire, ou encore être vectrice de sens et de développement professionnel pour les agent.e.s ?   Pour cette première session, nous sommes repartis d’anecdotes et de faits tangibles collectées par chacun.e pour élargir le paysage et illustrer la variété des situations dans lesquelles des micro-mobilités s’activent au sein d’administrations publiques. Au-delà de la nécessité de répondre à une crise telle que cela a été le cas au printemps 2020, elles renvoient à diverses nécessités : 
  • Mobiliser les ressources humaines disponibles au plus près des besoins, pallier les restrictions budgétaires et les difficultés de recrutement, en mobilisant des agent.e.s volontaires sur du renfort ponctuel auprès d’un service, par exemple pour la mise à jour de fichiers de données dans un délais contraint (Région Centre Val de Loire) ou même en structurant une mission temporaire d’appui au projet (Département de l’Isère) ;
  • Tester de nouvelles modalités d’action, préfigurer un projet, pourvoir à des besoins latents, avec par exemple l’expérimentation d’une fonction de couturière mutualisée pour réparer le linge des crèches d’une même commune (Ville de Montreuil) ;
  • Développer des solidarités inter-administrations, par exemple par la mise à disposition d’un.e cadre par une communauté d’agglomération auprès d’une commune de l’agglomération pour combler la vacance temporaire d’un poste de DGS (Communauté urbaine de Dunkerque), ou encore le prêt ponctuel de compétences spécifiques telles que celles d’ingénieurs thermiciens par une métropole à des communes du territoire disposant de moins d’ingénierie (Métropole de Toulouse) ;
  • Soutenir l’action d’intérêt général d’acteurs du territoire, par exemple en organisant des formes de mécénat de compétences ponctuel ou régulier auprès d’associations locales (Département de Seine-Saint-Denis) ;
  • Aider les agent.e.s à développer de nouvelles compétences, préparer des évolutions professionnelles, en leur permettant de découvrir d’autres postes, de mettre en œuvre des compétences “cachées” ou en tous cas non utilisées dans leur poste habituel, de nourrir des appétences personnelles ;
  • Venir agir sur des situations difficiles – agent.e.s sans affectation, situations professionnelles conflictuelles, etc.
  Ces micro-mobilités sont perçues comme vertueuses, à la fois pour les administrations et pour les personnes qui y participent,  et se situent à la jonction entre les besoins de l’organisation et les affinités et envies individuelles : elles permettent d’apporter du sens collectif, une bouffée d’oxygène à l’échelle des personnes, de gagner en réactivité et en polyvalence, de valoriser les compétences internes, etc. Pour les organiser, les administrations bricolent cependant souvent avec les cadres juridiques et organisationnels existants, voire s’en affranchissent au moins partiellement pour répondre au mieux aux besoins : convention de mise à disposition, lettre de mission, convention d’assistance exceptionnelle, autorisation spéciale d’absence, contrat de réciprocité, agent.e.s mutualisé.e.s, etc. Si la plupart des participant.e.s ont déjà, au sein de leurs administrations, expérimenté diverses formes de micro-mobilités, l’enjeu est pour eux de capitaliser sur ces expériences, de les rendre plus visibles et de les développer.  
  • Comment mieux outiller ces micro-mobilités ? Peut-on par exemple décrypter les dispositifs mobilisables suivant les situations et les finalités auxquelles répondent les micro-mobilités, voire les mettre en perspective avec les évolutions réglementaires qui seraient nécessaires ? Imaginer un code éthique de la micro-mobilité, qui permettrait de construire un cadre de confiance, d’en clarifier les finalités, de poser les conditions pour qu’elle soit bien vécue par les agent.e.s, les manager.euse.s, les services, de souligner les points de vigilances, les alternatives, … ? etc. ;
  • De quelle manière font-elles évoluer la gestion des ressources humaines ?  Faudrait-il imaginer par exemple une fonction de détection des compétences secondaires comme des appétences des agent.e.s, de repérage des besoins exprimés ou des potentiels latents de l’organisation ? Comment mieux coordonner les micro-mobilités, rendre plus lisible le recrutement d’agent.e.s volontaires, appuyer les manager.euse.s dans l’accompagnement d’agent.e.s ré-affecté.e.s ? Quelle valorisation de la participation à ce type de dispositifs dans les parcours des agent.e.s ou encore dans la ‘marque employeur’ de la collectivité, en interne et en externe ? ;
  • Comment rendre plus visibles et désirables ces dispositifs ? Il s’agirait par exemple de documenter, d’incarner, de mettre en récit les pratiques de micro-mobilité, mais aussi de clarifier leurs finalités afin qu’elles soient plus facilement mobilisables au sein des administrations ;
  • Comment, enfin, passer d’une pratique ponctuelle de renfort à un service, organisé de gré à gré, à des micro-mobilités mobilisables plus largement au sein de l’administration ? Imaginerait-t-on le développement d’agent.e.s volants inter-administrations, des formes de solidarité qui iraient du micro-don au jumelage inter-services, un quota de jours pour chaque agent.e à mettre à disposition d’un autre service /administration / organisation du territoire ?
  La suite à la prochaine session, qui permettra de glaner un peu d’inspiration, et de préciser les pistes de tests !  

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